Le jeûne thérapeutique… ou comment en arrêtant de manger l’organisme peut-il se régénérer ? Cette question semble à la fois essentielle et anodine. Essentielle parce qu’elle permet de se réapproprier sa maladie et, par conséquent, sa santé. Anodine parce qu’elle existe depuis des millénaires et que l’homme a toujours pratiqué des périodes de jeûne, en tous cas avant la prolifération de l’alimentation industrielle et abondante.
Cette question m’a passionnée. J’ai, comme beaucoup, dévoré le documentaire de Thierry De Lestrade (que l’on peut toujours voir ici), j’ai lu et j’ai commencé à poser des questions… à mon médecin traitant, à des amis oncologues ou spécialistes de la nutrition et je me suis rendue compte que le sujet restait tabou en France. Aux Etats-Unis, la recherche qui a tout lancé est celle de Valter Longo sur la souris (voir l’article du Monde ici) qui démontre que de courtes périodes de jeûne permettent, en résumé, de protéger les cellules saines et d’affaiblir les cellules cancéreuses, ce qui facilite l’efficacité de la chimiothérapie.
Alors pourquoi pas plus d’étude ? Pourquoi pas chez l’homme ? Et en France qu’en est-il ?
J’ai proposé d’enquêter pour le magazine Interception de France Inter et les résultats de toutes ces recherches ont donné ce documentaire : “Le goût du jeûne” diffusé fin décembre 2017.
Avant toute chose, pour comprendre où en est la recherche dans ce domaine en France, il faut se référer à ce rapport publié en novembre 2017 sur le jeûne dans le cadre d’un cancer. Rapport coordonné dans le réseau Nacre par le professeur Bruno Raynard que vous pouvez entendre dans le documentaire.
Le terme jeûne thérapeutique est employé pour désigner le fait que le jeûne peut soigner, voire guérir un certain nombre de maladies, et qu’il peut être considéré comme un traitement. Si les ouvrages récents se font l’écho des recherches scientifiques de Longo, les auteurs des différents courants depuis le 19è siècle ne sont pas tous d’accord sur ces allégations thérapeutiques.
Dans ce rapport, il est clairement expliqué que les recherches sur l’homme ne sont pas suffisantes à l’heure actuelle pour tirer des conclusions scientifiques.
Si le jeûne thérapeutique ne peut pas être prescrit par un médecin, il peut être pratiqué en France dans des centres de jeûne et randonnée comme c’est le cas à Léoux, autour de la famille Bölling.
Gisbert Bölling a importé le concept d’Allemagne dans les années 90 et c’est un convaincu des vertus bienfaisantes du jeûne sur la santé. J’ai rencontré de nombreux participants qui revenaient dans la Drôme parce qu’ils avaient obtenu des résultats significatifs après leurs premières cures.
En France, les médecins ne sont pas autorisés à prescrire des périodes de jeûne (même s’il est de plus en plus courant de préconniser aux patients d’éviter, au moins, le sucre pendant une chimiothérapie comme l’explique Laurent Schwartz dans son dernier livre).
En revanche, en Allemagne, le jeûne est officiellement reconnu comme une thérapie pour certaines maladies.
Françoise Wilhelmi de Toledo m’a accueillie dans une de ses cliniques sur les bords du lac de Constance à Überlingen.
Dans ces établissements les patients sont quotidiennement suivis par des médecins, ils viennent du monde entier pour expérimenter le jeûne dans un cadre médical. Il est assuré sur le site internet de la clinique que le jeûne thérapeutique “couvre un vaste éventail d’objectifs thérapeutiques, s’étendant de la prophylaxie aux états d’épuisement chroniques ou aux dépressions, en passant par les maladies du métabolisme et les pathologies articulaires inflammatoires“.
Outre la perte de poids, je n’ai rencontré pendant la réalisation de ce documentaire que des personnes ravies de leur expérience, que ce soit en France ou en Allemagne, que ce soit des clients qui payaient 2500€ la semaine entourés de médecins ou 400€ perdus dans les montagnes de la Drôme. Certains médecins, dont le chirurgien et doyen de la faculté de médecine de Nice, le professeur Patrick Baqué, m’ont également parlé de leur expérience de jeûne de manière toujours très positive.
Je pense que la conclusion est celle qui ressort la plupart du temps dans ce type de problématique : l’écoute de soi.
Les médecins appuient pour que les patients leur parlent ! Même s’ils semblent réfractaires, les praticiens sont de plus en plus formés et doivent être habilités à répondre à la demande d’un patient qui veut jeûner avant une chimiothérapie. Il est évident que le discours ne sera pas le même pour une femme en surpoids atteinte d’un cancer du sein, que pour celle, déjà dénutrie, atteinte d’un cancer de l’estomac.
Quand on est en bonne santé, le jeûne peut simplement être pratiqué pour nettoyer l’organisme et permettre de mettre en place des phénomènes de régénération cellulaire. C’est ce qui m’a poussé à tenter l’expérience du jeûne à la maison ! Le détail à suivre dès le vendredi 19 janvier 2018.
Article fort intéressant! Il me tarde d’en apprendre plus sur votre expérience personnelle du jeûne thérapeutique.
(en ce qui me concerne, je n’ai observé que des jeûnes religieux et… les effets bénéfiques sont pour moi évidents)